La semaine dernière, j’ai participé à une rencontre transpartisane coorganisée par mes collègues Marie Pochon, Dominique Potier, Pascal Lecamp et Jean-Yves Bony, autour d’un dialogue entre Jean-Marc Jancovici (The Shift Project) et un panel d’agriculteurs venus de toute la France.
Un échange riche, qui a permis de dépasser certaines malheureuses oppositions habituelles pour regarder en face les défis structurels auxquels notre agriculture est confrontée.
Plusieurs constats ont été faits :
• Notre modèle agricole reste extrêmement dépendant des énergies fossiles : de la production à la transformation, jusqu’au transport où 1/3 des camions transportent des biens alimentaires. Si ces énergies étaient par le passé accessible, leur utilisation questionne désormais notre souveraineté énergétique.
• Les éleveurs français sont engagés dans des pratiques vertueuses pour produire des biens de qualité. Cependant, ce modèle n’est pas adapté à la concurrence mondiale avec un élevage industriel dépassant parfois les 1000 vaches ou utilisant des OGM. Une question centrale se pose alors : comment rémunérer de manière acceptable notre modèle de production vertueux face à des consommateurs qui cherchent souvent le prix le plus bas ?
• Les objectifs d’EGAlim n’ont été atteints qu’à 50%, preuve que les bonnes intentions doivent dorénavant se traduire en résultats tangibles.
• Une valorisation de certains circuit-courts, du producteur au consommateur, permet d’ajuster certaines rémunérations et diminuer l’empreinte carbone de notre alimentation.
• L’enjeu européen est central : l'Europe doit protéger la qualité, les savoir-faire et l’exigence française et européenne face au risque de nivellement par le bas.
• Près de la moitié des exploitations devront prochainement trouver repreneur. L’enjeu de la transmission et du renouvellement des générations doit être vu non comme une menace, mais comme une opportunité pour conforter notre modèle agricole fondé sur la diversité, la qualité et l’ancrage territorial.
La France est un territoire mosaïque, riche de terroirs et de productions variées. Elle doit rester au rendez-vous de la grandeur de son agriculture et de ses savoir-faire pluriels, tout en s'adaptant aux nouveaux enjeux climatiques pour assurer sa souveraineté alimentaire.
