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Fin de vie : un vote pour la dignité, la liberté et l’accompagnement humain

Il est des votes qui engagent plus que d’autres. Parce qu’ils touchent à l’intime, à la douleur, à la fin de nos vies et à l’idée que chacun se fait de la dignité, de la liberté et de la solidarité.

Ces dernières semaines, l’Assemblée nationale a examiné deux propositions de loi distinctes, traitées de manière indépendante, l’une consacrée au renforcement de l’accompagnement et des soins palliatifs, l’autre à l’instauration encadrée d’un droit à l’aide active à mourir.
Cette séparation, voulue par le Gouvernement, a permis un débat plus clair, plus respectueux et à la hauteur de la gravité du sujet.

Après de longues semaines de débats sérieux, respectueux et souvent bouleversants à l’Assemblée nationale, j’ai voté cet après-midi pour ces deux textes.

Ce choix n’est ni idéologique ni simpliste. Il est le fruit d’un long cheminement, nourri par les expertises médicales, les rencontres avec des soignants, des associations, des familles, et de très nombreux citoyens.


Les soins palliatifs : un droit à garantir pour tous, partout en France

Parce que l’immense majorité des personnes en fin de vie souhaitent d’abord être soulagées, entourées, respectées, nous avons adopté un texte ambitieux :

• Création de maisons d’accompagnement accessibles temporairement,
• Lancement d’une stratégie décennale de 1,1 milliard d’euros,
• Création d’un diplôme spécialisé pour renforcer la formation,
• Renforcement du pilotage par les Agences Régionales de Santé pour mieux structurer l’offre sur tout le territoire,
• Meilleure prise en compte des directives anticipées en EHPAD.

Ces avancées étaient attendues depuis longtemps. Elles ne doivent pas rester théoriques : il faut maintenant les traduire rapidement sur le terrain.

Nous ne pouvons pas parler de liberté de choix sans garantir un véritable droit à l’accompagnement palliatif, encore trop inégalement accessible sur notre territoire. Chaque personne en fin de vie doit pouvoir être entourée, soulagée, respectée.

L’aide active à mourir : une ouverture strictement encadrée et limitée à des situations exceptionnelles

Parce que certains parcours de fin de vie échappent aujourd’hui à tout apaisement, même avec les meilleurs soins, j’ai aussi voté pour l’ouverture très encadrée d’une aide active à mourir. Face à certaines souffrances réfractaires, physiques ou psychiques, dans des contextes médicaux sans issue, nous ne pouvions plus détourner le regard. Le texte adopté propose une voie nouvelle, rigoureusement balisée, pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent d’abréger lucidement leurs derniers instants.

Cette aide active à mourir ne sera possible que sous conditions strictement cumulatives :
• Être majeur, français ou résident stable,
• Être atteint d’une affection grave, incurable, en phase avancée ou terminale,
• Présenter une souffrance physique ou psychologique constante, jugée insupportable par la personne,
• Être pleinement apte à exprimer une volonté libre et éclairée.

Le texte est clair :
• La souffrance psychologique seule ne suffit pas.
• L’affection en phase avancée a fait l’objet d’une définition stricte : « caractérisée par l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé de la personne malade qui affecte sa qualité de vie. ».
• L’administration de la substance létale est strictement encadrée, avec confirmation de la volonté à chaque étape.
• Le principe d’auto-administration est préservé, sauf incapacité physique.

Jamais cette aide ne pourra être imposée. Jamais elle ne remplacera l’accompagnement palliatif. Elle ne vient pas changer le destin de quelqu’un, mais offrir une option supplémentaire, à celles et ceux pour qui toute autre voie est devenue intenable.

Cette décision ne m’a pas été facile. Elle a été précédée de nombreuses rencontres : patients, soignants, proches, associations. Chacun m’a permis de mieux mesurer l’immense complexité humaine de ce sujet.

J’ai voté avec gravité, humilité et fidélité à mes valeurs. Car je crois profondément que dans une démocratie, la liberté ne s’oppose ni à la protection, ni à la solidarité. Et que notre rôle est aussi de permettre à chacun de faire ses choix en conscience, dans le respect de toutes les convictions, y compris religieuses.

Merci à toutes celles et ceux qui m’ont écrit, questionné, interpellé. Vos mots m’ont accompagné tout au long de ce chemin parlementaire.